Parti déjeuner au fast-food en face du magasin. La bouffe est toujours aussi mauvaise.
Les tables dehors sont toutes occupées, essentiellement par les lycéens qui arrivent en masse de l’établissement situé à proximité. La majorité d’entre-eux déballe un pique-nique sur les tables et tous occupent l’espace sans consommer. Ce pourquoi le «restaurant» ne leur mène aucune chasse et c’est très bien.
Il y a trois lycéennes à la table voisine et l’une d’elles se pose des ongles factices sur les mains. Elle étale la colle comme un vernis et presse les capsules manucurées sur ses ongles rongés. En peu de temps elle a métamorphosé ses mains meurtris en ersatz de mains féminines. C’est mieux si l’on songe aux doigts boudinés qu’elle présentait il y a quelques minutes, mais ce factice laisse toute sa place à l’artifice grossier.
Elle porte une paire de lunettes siglées et arbore un air las et blasé. Ses chaussures sont vieilles et le bout des semelles est décollé sur chaque pied. Curieux mélange. A sa gauche celle qui semble la plus jeune des trois est mignonne. Elle a un petit air mutin et un sourire splendide qui éclaire son visage et ses mains sont soignées. La troisième est quelconque. Qu’est-ce qui préside à l’assemblage des amitiés?
Une mère et sa fille viennent d’arriver et se posent en lâchant sur la table trois sachets de bonbons qu’elles commencent à manger. Elles accompagnent immédiatement leur repas d’une cigarette chacune, bataillant dans le vent léger et avec un briquet récalcitrant pour allumer leur mort future.
La plupart des gens ont leur téléphone mobile en main, échangeant sms et communications plutôt que de manger. Ceux qui parlent semblent n’avoir aucune conscience du manque d’intimité dans lequel ils évoluent.
Le monde est devenu communiquant à tout heure, toute place. Je ne suis pas sur que ce confort soit synonyme d’une liberté affichée à tout prix.
Je le trouve même un peu liberticide finalement.
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