C’est ce jour férié qui n’en est plus un. Une journée de solidarité dont je n’ai pas vraiment compris le fonctionnement. Non, dont je ne cherche pas à comprendre le fonctionnement. Je me sens détaché du fonctionnement du monde dans lequel je vis. Je ne rejette pas en bloc ce qui fait le cadre quotidien de ma vie, loin de là. J’ai juste le sentiment confus qu’il y a trop de choses qui m’échappent, que finalement je n’ai pas de prise sur la forme du quotidien universel. Je sens que le système sur lequel repose les instances qui président a été corrompu. Que les idéaux indiscutables qui l’ont érigé ne sont plus les garants de la réflexion et des agissements. Et je renonce un peu, c’est vrai. Pas l’âme de militer ni l’envie de m’impliquer, même en votant.
Alors parfois je m’isole comme un reclus, par petite dose. Pour m’imprégner d’îlots qui subsistent au milieu de ce néant que nous érigeons inéluctablement.
J’ai emprunté au hasard un petit chemin de traverse non loin de mon lieu de travail. Une route de desserte agricole ou viticole.Elle est pleine d’ornières et j’ai du serpenter doucement avec le vespa pour finalement me poser devant un portail blanc qui clôt le long mur de clôture de ce qui semble être le parc d’un demeure ancienne. Incroyable le calme et la sérénité qui se dégagent du lieu, à à peine 5 minutes de la zone commerciale. Je n’entends même pas le bruit des voitures qui passent inlassablement sur la rocade toute proche.
Il y a un enchevêtrement d’arbres qui masque la vue près de la grille blanche. Impossible de deviner la bâtisse abritée derrière la végétation séculaire et elle va garder son mystère. Je me suis assis sur un petit muret à l’ombre et je regarde les masses lourdes de cumulo-nimbus qui traversent au ralenti le bleu éclatant du ciel. Des abeilles s’agacent derrière moi et me font secouer la tête lorsqu’elles me frôlent. J’entends une rumeur indistincte que charrie le vent, comme des cris d’enfants jouant en colonie de vacances.
Le temps file comme une météorite. Je reprends le chemin. Je roule au milieu des vignes. L’espace est ordonné mais cet ordonnancement est savoureux. L’entretien des vignes trace d’élégants sillons et j’aime la noblesse terrienne de cette culture. Je suis sur une petite éminence et en contrebas sur la gauche, j'aperçois le stade et sa petite tribune. De loin je distingue des petites jambes qui tricotent sur la pelouse. Un tournoi de foot pour les moustiques. De loin ça ressemble encore à du sport et les cris que j'entendais tout à l'heure étaient de plaisir. Pourvu que ça dure.
Et sur le court retour, je sors de ma rêverie, vite rappelé aux dérives et excès qui débordent de partout, même si pour cette occasion il semble que rien de grave ne soit arrivé.
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