Et donc ça bataille ferme sur les courts. Des jurons aussi, et des mains sur les genoux, le souffle court. Dans la douleur, faute de ne pas être parfaitement libéré, mon fils est parvenu à traverser son tableau et il joue maintenant contre un classement bien supérieur au sien, sa confiance renforcée à la suite de ses 3 victoires consécutives.
Je ne sais pas vraiment ce qu'il ressent vis à vis de ma présence. J'aime à croire qu'il est content que je suive ses rencontres. Quoi qu'il en soit son attitude sur le court ne tient pas compte de moi. Il est dans son match et ne cherche pas mon regard. je le vois se tendre et puis lâcher quelques coups. Il prend l'ascendant mais le reperd immédiatement. Cette position d'observateur partiel est étrange. Je souhaite qu'il gagne, la victoire est souvent plus belle. Mais j'aime trop le sport pour être déçu si la défaite arrive. Elle est une des composantes essentielles de la pratique.
Il court et s'invective, je l'entends pester après ses fautes et mauvais choix tactiques et je cogite furieusement pour analyser les faiblesses réelles de son adversaire d'un soir. Puis je guette un moment fugace où d'un regard, d'un geste je pourrais lui transmettre toute ma sagacité d'observateur attentif. Mais il m'ignore superbement, tout à son match.
Un échange s'engage, bras de fer physique et tactique. les deux joueurs prennent les commandes du jeu à tour de rôle. Des décalages droite-gauche académiques, une montée au filet poussive contrée par un lob boisé. Je ne compte pas les coups de cet échange qui dure. Finalement mon fils va conclure ce joli point au bout d'une défense acharné, par un dernier passing de coup droit croisé qui file comme un missile pour mordre la ligne, hors de portée de son adversaire. Il serre le poing et son sonore yes dompte pour un instant les cigales énervées. Il est dans la bagarre et se sublime.
Puis en retournant vers sa ligne pour un prochain service, il me glisse un regard par en dessous et m'adresse un sourire aussi éblouissant qu'instantané. Et j'adore que le plaisir d'avoir réussi un beau coup soit bien présent à son esprit.
Et qu'il le partage avec moi, sa concentration dût-elle en souffrir.
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