Je marchais, je déambulais sur la rive. Doucement, le gros fleuve paresseux filait dans la nuit sous la lumière pâle de la lune. Les réverbères semés le long des quais distribuaient à l'unisson un hâlo léger. Il y avait des grappes de gens ça et là, des bruits de conversations, des rires, des cris. Les terrasses de pub s'enhardissaient et mangeaient la rue. Des rendez-vous.
Le jour je transpirais, je suais à la recherche de la performance. L'hygiène du sport comme mode de vie. Avec passion, avec rage et détermination. Et plaisir, surtout. Avec avidité. Sans retenue. Les cols de monts sylvestres, pas assez hauts pour se strater d'arbres aux essences différentes mais dont les pentes faisaient mal aux jambes. Chevauchées cyclistes pleines d'apnée mais si gonflées d'oxygène.
Des soirées anniversaires, des soirées ciné, des garages remplis de lampions. Une table en formica et un énorme bol de punch. Des verres en plastiques suintant l'alcool sucré. Des ondulations saccadées, des pulsations rythmées ou à contretemps. Elle qui tresse.
Une autre sans calcul, elle. Sans cynisme. Toute de timidité. Des moments manqués.
La vie déroule de fausse harmonie ou fait s'en ignorer de vraies. Elle reste belle quand même. De ce qu'au milieu des chaos et des heurts elle est là. La vie. Les bouffées des cris d'enfants, des projets auxquels on ne peut croire mais pour lesquels on voue son énergie. La vie explose de vous rattraper.
Secousses des réveils tardifs, gueules de bois. de l'énergie qu'il faut consacrer à de délétères simagrées qui ne finissent pas ou plus. A tresser sans fin, elle, elle ne se rend plus compte de sa détresse, consumée par son manque d'estime de soi.
Une vie, des rencontres. Une histoire, des histoires. De l'achevé. De l'inachevé. Assouvi d'être inassouvi. Des appétits plus forts pourtant. Rebonds éternels. Une vie de vies....
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