Mon boulot d'étudiant c'était vendeur de tapis. De tapis d'Orient et surtout de tapis Persans, issus de Perse l'ancien nom de l'Iran. De job étudiant (chez un cousin) j'en ai fait un métier, un vrai que j'ai exercé à mon compte.
Sur le coup je voyais comme équivalent à tapis essentiellement profit. Je me sentais entrepreneur et c'était finalement assez simple d'acheter en discutant puis de vendre en continuant de discuter mais avec une marge de manoeuvre confortable.
J'allais donc régulièrement "aux douanes", c'est comme ça qu'on désigne de vaste entrepôts de stockage de marchandises diverses et variées en transit entre un importateur et un acheteur, à la rencontre d'orientaux qui vendaient donc des tapis.
La première fois, pour l'achat de mon stock initial je suis vraiment passé pour un bleu et j'ai payé bien plus que je n'aurais du. Puis peu à peu, expérience et sagesse ont grossi mes compétences d'acheteur et j'ai tissé des liens commerciaux sympathiques avec quelques marchands de confiance. C'est devenu moins stressant d'acheter une collection et enthousiasmant de mêler "coup de coeur" et prix d'achat cohérent en vue de la revente.
Avec le temps on se spécialise sur quelques niches, en s'appuyant sur la conjonction entre les tapis issus d'origines que l'on prise et l'écho qu'ils trouvaient auprès de mes clients. Alors je fouillais des piles de "nahavand", des empilements de "gabeh" et d'"hamadan" pour constituer ma caverne chatoyante.
Et aujourd'hui je sais que ce qui me manque le plus c'est d'aller chez les gens, avec les tapis qu'ils ont choisi au magasin pour une "présentation à domicile". C'était gratifiant de meubler un intérieur en étant souvent le vecteur "chaleur" par la grâce d'un artisanat séculaire.
Bien loin des non-rapports qui régissent aujourd'hui ce qu'il est pénible de nommer commerce tant l'esprit qui en faisait le sel n'existe plus...
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