Longtemps que je n'ai pas parlé de mon entreprise. Me manque un peu de partager les désopilantes aventures d'un salarié au pays des entrepreneurs entreprenants.
Fort d'un désoeuvrement infini dont l'expression dépasse mes capacités d'écrivant je songeais il y a peu à gagner au loto. Bon c'est pas très original ça, mais en période de morne ennui divaguer un peu en digressions pécuniaires sans limites peut s'avérer un passe-temps reposant. Et plutôt que de lister une improbable suite de caprices tous dénués du moindre sens j'en vins à songer à tous ces adieux professionnels déchirants auxquels je serais irrémédiablement confronté si les boules numérotés ordonnaient leur suite pour coller à mon loto flash imaginaire.
Songez un peu à l'incroyable nombre de gens qui deviennent essentiels dans votre vie professionnelle quand elle s'épanouît sur la durée au sein nourricier d'une entreprise qui vous dorlote d'une étonnante attention prévenante. Moi qui vous narre de temps à autre une ou deux menues inepties auxquelles je peux être confronté à l'occasion, vous pourriez croire que j'exsude alors une colère sclérosante. Voire malvenue si l'on considère que malgré ma détestable prétention et mon immense bouffonnerie mon digne employeur me maintient sa confiance depuis longtemps. Ben non, c'est qu'à la vérité je noircis le tableau pour cacher mon addiction et mon absolu bonheur de la chance qui m'est donnée de frayer avec la panacée des collègues qui peuplent mes jours salariés.
Donc mes chers 5 lecteurs (les bons jours) laissez-moi vous dresser un catalogues des remerciements mouillés dont je ne pourrais faire abstraction ce jour où l'abondance d'euros m'obligera à ce choix dramatique mais nécessaire: quitter mon emploi pour vaquer à quelques oeuvres humanitaires de premières nécessités.
J'hésite quant à l'ordre, parce que la liste est longue et que, des hauteurs stratosphériques de mon respect plein d'humilité je ne voudrais vexer personne en lui laissant croire qu'il ne figure pas à mon panthéon des supérieurs, collègues et subalternes, tous croisés pour mon bonheur de si nombreuses fois. Le mieux c'est que je mélange, voilà! Un nirvanesque pèle-mêle nivelant les fonctions hiérarchiques pour témoigner hommage et ne faire ressortir que le meilleur de l'humain, l'essence pure de ces gens sans qui mon quotidien serait torve et mesquin. Songez à ce qui lui manquerait de n'avoir croisé de tels parangons de loyauté, humilité, devouement et professionnalisme.
Au débotté je pense spontanément à un grand argentier sans qui des rivières de frais seraient des fleuves en crue. Je lui dois un sens affirmé de la négociation qui rend mon expérience de marchand de tapis pittoresque et juvénile. Je sais que sous ses dehors de fourmi prévoyante pleine de rodomontades il cache une âme agricole étouffée qui peine à fleurir, engoncée comme elle l'est entre sa Direction stressée et un aréopage de secrétaires qui le soutiennent (c'est le seul mâle) et sur lesquelles sa trop grande conscience l'empêche de s'appuyer. Je le sais investi - tel un majordome de proximité - de toutes les prérogatives utiles à l'économie de grande ou petite échelle et je souffre pour lui de ce que lui font subir mes labadens quand ils sollicitent sa bienveillance pour renouveler leur stock pléthorique de trombones. Pour les délester un peu de ses jérémiades éplorées je décide que je lui ferai don d'une grange où il pourra ranger les devis. Mieux tiens, soyons fou! je lui ferai don d'une remise.
Et puis aussi, il me faudra me priver du lien quasi-maternel que j'ai développé avec la chantre des rapports humains. Une femme d'une sérénité exceptionnelle et d'un dévouement admirable, seulement comparable à Soeur Thérèse. Je lui dois la découverte de mon humanité, qu'elle à patiemment fait éclore, pleine d'une abnégation sans faille. C'est un personnage époustouflant. Parce que si je travestis mes émotions en les "colèrant" un peu, me faut admettre que côté dissimulation à côté d'elle je suis un navet translucide trop bouilli. On croise comme çà des gens au coeur d'or qui vivent terrifié à l'idée qu'une partie de cet or leur soit dérobé. Alors ils dissimulent leur générosité sous de faux abords glacés. Je songe à toutes ces fois ou dans l'urgence du renouvellement d'un contrat pour faire face à une peripétie quelconque j'ai fait appel à elle en étant un peu pressé. Et bien elle a toujours pris soin de dissimuler au mieux à quel point elle tenait à rendre service et assurer une productivité digne des meilleurs. Elle a poussé la dissimulation jusqu'à repousser l'établissement du contrat de plusieurs jours, des semaines parfois pour qu'on ne puisse pas la taxer injustement d'être guidée par ses émotions quand elle aussi devait rendre comptes au patron des douloureux efforts qu'elle consentait pour protéger les intérêts de ce digne ponte. Et je suis toujours admiratfi quand on me dit que si pleine de son art elle inspira naguère Le grand Walt pour le personnage qui parle au miroir.
Je tressaille, je défaille, mes glandes lacrymales sont proches d'exploser les digues de ma pudeur iconoclaste parce que là maintenant c'est à lui que je songe. Un grand homme s'il en est. Vous ne pouvez imaginer combien me sera dur de ne plus côtoyer ses ondulations chafouines. Moi,si preneur des mots je devrais apprendre à ne plus guetter les siens, me priver d'un légendaire inventeur de tirades sonores et percutantes, si indifférent aux animaux qu'il en est capable de passer du coca light plutôt que d'un gallinacé à un équidé? C'est trop dur d'imaginer renoncer à cela.
Mieux vaut ne pas rêver.
Tout simplement génial !!! J'ai eu une petit larme moi aussi pour la dame !!
Rédigé par : Patricia | 27/10/2010 à 08:31
ah ah ah, j'adore même si je ne comprends pas tout.....il me faut encore un dico.....
Rédigé par : sagesse | 26/10/2010 à 17:31