Je viens de percuter vraiment pourquoi j’aime tant aller à Beauduc. J’en ai parlé déjà de cette plage immense au bout de nulle part sur la frontière de la Camargue avec la mer. Isolée de sa proximité qui se mérite tout le long des trous et chaos de sa piste d’accès au milieu des tamaris griffus. A mi-chemin de cette piste défoncée j’aime les vestiges d’une bâtisse perdue et puis après, le passage bordé des poteaux polymorphes entre les étangs.
Et la plage. Presque sans fin. Démesurée.
Des caravanes antédiluviennes se laissent se dessécher sous le vent et les embruns. Elles sont grises de vieillesse mais elles témoignent d’une volonté. Ou d'un besoin?
Ici le cellulaire c’est les paramécies qui pullulent dans les flaques saumâtres pas les téléphones. Alors c’est vrai que j’y suis allé et y retourne pour un loisir d’enfant gâté. Pour glisser sur l’eau sous la traction d’Eole qui tend ma voile. Mais cette navigation ou ces vols accrochés à des cerfs-volants géants sont, j’en prends conscience profondément, une connexion intense aux éléments, pas seulement une récréation.
Cette envie d’espace aride parce qu’isolé, ce sentiment d’ailleurs c’est ma fuite aux gadgets qui deviennent trop nombreux. J’abuse des ces artifices d’appartenance, je cours après le trop-plein de jouissances immédiates pour ne rien rater. Et je cumule tant ces abus qu’ils deviennent finalement rances et de plus en plus difficiles à ingurgiter, j'étouffe de cette société toute de consumérisme effréné..
Ces vielles caravanes qui bravent la violence du vent et les intempéries sont celles de fuyards qui peuvent se satisfaire de besoins sans que les désirs ne les terrassent. Et je me sens happé par cette envie qui grandit de fuir un peu le confort. De rappeler à mon esprit plus souvent combien les matins du monde sont à regarder.
Je vais relire Defoe….
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